recapitulons

Je suis ici depuis un mois et une semaine, en vacances depuis deux semaines. Pas FAIT grand chose en termes materiels et mesurables, qualifiables. En revanche je commence a sentir les lieux et dessiner ma place. Quant a mon role il va se concretiser des la "rentree" la semaine prochaine (a partir du 11 pour el equipo social, en fonction de nos fonctions chacun a pris ses conges plus ou moins tot et revient plus ou moins tard).
Je n'avais pas besoin de ces vacances puisque je venais d'arriver mais tenter d'echapper a Noel ici c'est comme vouloir traverser l'ocean sans se mouiller ! Et puis elles m'ont fait grand bien ces deux semaines, passees trop vite, comme toutes les vacances, il m'en reste encore une et je viens d'annuler mon depart pour Laguna de Perlas a cause des trombes de pluie qui nous sont revenues (merci pluie, el tanke -i.e. notre container d'eau du ciel- se remplit et nous pouvons nous doucher tous les jours, laver du linge, cuisiner des soupes et faire la vaisselle en enlevant tout le savon !). Du coup je prends le temps d'ecrire et cela m'etait necessaire. (voir les deux autres blogs)
La ville continue de me tester et ce renard ne me mange toujours pas dans la main mais je commence enfin a reconnaitre des rues et des visages. Je commence presque a comprendre le ciel (reperer un nuage de pluie, savoir qu'il n'est que 16h malgre l'obscurite ou que 6h malgre le grand jour de midi !), presque. Grace a quelques amities Nica que j'ai nouees pendant ces vacances j'ai des gens a visiter (un debut de vie sociale hors de la maison des volontaires !) : ca change une ville d'y avoir des amis et de trouver leur logis (bien-sur je me perds un peu en route mais pas tant et cette marge d'inorientation me soulage : pas tenue de savoir au centimetre pres ou je mets les pieds finalement ; peux enfin quitter la paranoia pour n'etre "que" prudente. Je n'avais jamais ete prudente, j'apprends, ai du passer par l'autre extreme pour arriver a cette attention mesuree (encore a ameliorer mais enfin je me sens plus libre).
La ville est relativement petite, limitees par les eaux et quadrillee par quelques axes majeurs... Une fois que l'on sort de ces routes, c'est un dedale de chemins (beton, bois, cailloux, terre, bouillasse et autres sols indefinis...) qui courent et se croisent, montent et descendent, passent des ruisseaux et finissent sans prevenir. D'un seul coup, un couloir de maisons.... comment suis-je arrivee la ? Sur des dixaines, des centaines de metres l'on se retrouve litteralement pris entre les maisons, les portes, les chiens, les fenetres, les hammacs, les visages, les paires de bottes, les aliments a vendre a l'unite sur le seuil... aussi etroits que les ruelles de Lubeck, ici on les appelle CALLEJONES, a les suivre on a l'impression de sortir de la ville parfois, beaucoup de vert et puis de l'eau, ca peut glisser aussi, alors on s'accroche aux troncs, aux barbeles, aux murs des maisons.
La majorite est construite en bois, il y a une taxe sur les constructions ciment, evidemment pas de pierres. Le maximum autorise dans la construction sans surplus a payer = une porte et deux fenetres. Les toits sont le plus souvent en zinc, parfois les murs -ou cloisons- en sont rafistoles aussi. Dans les rues, beaucoup de taxis (des petites voitures koreennes que meme la citroen AX de ma grand-mere semblait depasser en puissance et securite !) qui klaxonnent pour t'avertir qu'ils peuvent te prendre, quand tu penses que dans certains pays on doit se fatiguer a les chercher ou/et les appeler !! Ici je passe mon temps a leur dire "non merci". Preuve que la ville n'est pas grande : quelque soient les points de depart et d'arrivee, le tarif est toujours de 10 cordobas (soit 34 cents d'euros) et de 15 a aprtir de 22h. Il n'est pas recommande de prendre le taxi seul(e) a partir de cette heure mais c'est une autre histoire.

Pour en revenir a blueEnergy : j'ai lu beaucoup de choses passionnantes, il m'en reste encore davantage a apprendre. Comme pour tout peut-etre, ou presque tout, plus on sait moins on sait ! Sept nouveaux volontaires vont arriver autour du 18 janvier... je me demande ou nous allons les caser ? En fonction des financements et des soutiens en tous genres, notre ligne de travail se precisera : nombre de communautes beneficiaires, envergure (en temps, en argent, en accessibilite de l'objectif a atteindre...) des projets -les anciens a suivre, les nouveaux a monter. Des la rentree, dans mon equipe, l'urgence sera de definir plus precisement chaque objectif, de nommer les indicateurs et repertorier, reporter, tous les indices et les donnees collectees au cours des precedentes enquetes. Sincerement j'ai encore un peu hate, pas impatiente mais desireuse de m'y mettre, ce genre de travail necessiterait une decenie au moins, des decenies en fait. Je ne crois pas pouvoir vouloir rester dix ans mais voudrais etre le mieux utile, efficace possible, surtout pas une gentille etrangere de passage. 

Il y a tant a faire, je ne saurais pas par ou commencer, heureusement je travaille dans un cadre qui me permet de ne pas m'eparpiller dans tous les sens (contre la violence, le narcotrafic, la corruption, l'esclavage moderne, le sida, la pollution massive de la baie etc... et pour l'education, le droit de cultiver sa terre et habiter sa maison, l'affirmation de chaque identite (territoriale, linguistique, religieuse, politique), l'emancipation des femmes etc...). Focus sur les energies renouvelables. J'aime que pour blueEnergy l'energie soit un droit et non un produit. Ca me fait penser a cet enc*** de PDG de Nestle (il n'y a pas de mots assez bas pour qualifier ce pauvre type), en conclusion du documentaire We feed the World : "L'eau est un produit de consommation comme un autre. T'as soif, tu paies, tu bois."

Mais on ne peut pas poser une eolienne comme ca, "Bonjour, au revoir" ! Je savais que ce serait beaucoup de travail, j'etais loin encore de ce que j'entrevois a present, et dans quelques mois, avec un peu d'experience je me dirai certainement qu'en janvier encore je n'y voyais rien.